Il est vrai qu’après plus de quatre siècles de gouvernance portugaise, seulement abandonnée en 1961, l’influence lusitanienne et l’imprégnation chrétienne sont restées très présentes, presque revendiquées, dans ce tout petit Etat de la fédération indienne, Goa.
Manuel est pécheur. Un très modeste pêcheur. Une simple barque qui ne peut embarquer que deux personnes et laisser toute sa place au long et précieux filet constitue tout son bien, son outil de travail et de subsistance.
Travail de Sisyphe sur cette plage trompeuse. Coconut’s beach pourrait évoquer une carte postale sur cette côte de la mer d’Arabie.
Une plage trompeuse
Mais le sable y est sombre et peine à resplendir, incrusté de déchets divers, maculé de traces brunes qui doivent à la mer et ses rejets tout autant qu’aux dépôts des rivières. Elles y répandent au gré des pluies quotidiennes de cette fin de mousson leurs limons, ceux que la nature produit et ceux des Hommes qui y vivent en amont.
Manuel a quelques bras pour l’aider à déployer, nettoyer puis replier son filet et, inlassablement, repartir en mer pêcher sa pitance à force des rames.
Ces quelques bras ne suffisent pas à pallier le poids de la frêle embarcation et la fatigue qui s’accumule. Stoïquement, l’équipage regarde les vagues échouer sur la grève et attend le moment propice où la force porteuse de l’eau viendra soulager leur dos.
A Reis Magos, peu de touristes. Ils s’agglutinent plus loin et évitent les moussons. Antonio nous racontera sur la pleine saison ce déferlement de charters des peaux blanches qui viennent à moindre frais s’étaler au soleil et s’abreuver, ici où l’alcool est en vente libre.
A Goa, le tourisme autochtone n’est pas en reste pour ses nouvelles classes (parfois très) aisées aux mêmes motifs alcoolisés mais aussi pour le jeu. Les casinos constituent une autre des nombreuses singularités de Goa dans cette Inde qui interdit les tripots partout ailleurs.
Certains flottent sur la rivière Mandovi qui sépare Reis Magos de Panjim, la ville principale de Goa. Elle est encore toute empreinte de son passé portugais. Dans ses vieilles ruelles les façades aux couleurs écarlates continuent une lutte sans fin avec les moisissures qui les parent et les rongent. Chacune arbore en azuléjos le nom des propriétaires d’avant.
On est pourtant bien en Inde. Prendre la route et arpenter les rues suffisent à s’en souvenir dans la circulation anarchique et permanente, par les rickshaws qui se faufilent en masse, par les saris qui égayent la foule de leur élégance.
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