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Les ralentisseurs: un mal (au dos) nécessaire?

Quand on est piéton, on est pour les ralentisseurs, appelés également gendarmes couchés, qui prospèrent sur nos chaussées. Mais quand celui-ci se mue en automobiliste, sa multiplication lui crée de plus en plus de problèmes.

  Les ralentisseurs ont été créés pour briser la vitesse des automobilistes inciviques qui roulent trop vite notamment en ville. Il ne faut pas oublier que chaque année, on compte 500 morts parmi les piétons renversés majoritairement par des véhicules motorisés (des vélos parfois !). D’où l’idée du ralentisseur, sorte de dos d’âne goudronné, qui incite à lever le pied. Ils ont commencé à fleurir autour des écoles pour s’étendre aux alentours des maisons de retraite puis des passages cloutés, puis en centre ville puis un peu partout parfois sans raison. On comprend que des maires, qui souhaitent satisfaire la demande leurs administrés, en abusent parfois.

Le mieux est l’ennemi du bien, c’est bien connu. Le problème est qu’on en construit beaucoup trop et un peu partout et, fréquemment, sans discernement. Il n’est pas rare d’en compter plusieurs sur quelques centaines de mètres. Deuxième problème, une enquête récente prouve qu’environ un tiers des ralentisseurs ne sont pas conformes à la réglementation car trop hauts, trop dangereux, trop cassants, trop abrupts !

Des brises dos

Par absence de respect des normes, ces ralentisseurs génèrent d’autres problèmes. D’abord, ils font très mal aux reins même en respectant la vitesse. Il y a aussi des conducteurs âgés qui doivent être autant respectés que ceux qui traversent. Des kinésithérapeutes et ostéopathes ont remarqué récemment des aggravations de pathologie dues aux dos dont les ralentisseurs ne doivent pas être innocents surtout chez les gros rouleurs

Ensuite, les ralentisseurs sont de véritables destructeurs mécaniques. Les centre techniques et garagistes ont constaté que depuis la profusion des ralentisseurs, on relève de plus en plus de faiblesses du coté des organes du train roulant: amortisseurs, rotules, parfois des carters d’huile fêlés, bouclier, etc. Si c’est dangereux pour certaine voitures, ça l’est encore plus pour les motos.

D’ailleurs des associations de motards se battent pour que les ralentisseurs soient au norme et sont allées jusqu’à faire condamner des maires qui ne respectent pas la loi. Un site a même été crée avec  » Mon maire est autophobe » (https://www.facebook.com/maireautophobe/) par Thierry Modolo qui souhaite que les ralentisseurs qui ne sont pas justifiés soient détruits. Récemment un automobiliste qui a abimé sa Ferrari sur un ralentisseur non conforme a obtenu des dommages et intérêts de sa mairie.

Ralentir mais aussi accélérer

Car si un ralentisseur oblige à ralentir brutalement et c’est bien, il oblige aussi à accélérer et c’est moins bien. Des études récentes ont montré que décélérer et accélérer un moteur accroît notamment ses émissions de pollution surtout en rétrogradant un rapport plutôt qu’une conduite à régime constant !

Par mon métier de journaliste automobile, j’ai parcouru plus de 2 millions de kilomètres principalement en Europe et pu observer des solutions plus intelligentes, notamment au Portugal avec les feux tricolores qui passent au rouge si on ne respecte pas la vitesse. Bien plus habile mais plus coûteux. Un conseil pour mieux passer les ralentisseurs, s’il n’y a personne derrière vous, freiner bien avant le ralentisseur puis accélérer très légèrement juste pour modifier l’assiette de votre voiture afin que vos amortisseurs soient au contraire en phase d’extension et non de contraction si on freine juste avant. Cette action permet d’accroître sa course et son pouvoir d’amortissement.

En fait, ce dispositif qui était censé protéger nos vies devient paradoxalement une menace pour celle ci. C’est bien connu, le remède est parfois pire que le mal….

 

À propos de l'auteur

Patrice Vergès

Ancien rédacteur en chef d’Info Magazine, Patrice Vergès a aussi, tout au long de sa carrière journalistique, collaboré pour de très nombreux magazines automobiles. Auteur de 16 livres dont 10 thrillers, il est également chroniqueur radio. En tant que journaliste, aime à se définir comme « un spectateur professionnel ».

2 Commentaires

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  • Bravo à l ‘auteur de l’article,la solution c’est pas le brise dos qui va protéger le piéton ,mais de responsabiliser le piéton et le conducteur d’où la haute responsabilité des politiques qui dirigent et prennent des décisions pas forcement dans l’intérêt commun.

  • Un papier plutôt bien fait…meme si il s’appuie sur une enquête bidon d’Auto-Plus puisque c’est 100 % des ralentisseurs qui sont illégaux et non un tiers !
    Tout simplement car l’étude ne prend en compte que les caractéristiques de construction et non celles d’implantations comme le dit le décret de 1994 !
    Thierry Modolo

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