Silhouette impeccable, bouc bien taillé : avec son physique, Pierre Guillaume ne passe pas inaperçu. Pourtant, c’est par son nez que le Clermontois de 41 ans s’est fait connaître.
Des débuts fulgurants
Nous sommes en 2002, Pierre est alors formulateur industriel. Il essaie de reconstituer l’odeur de la cave à cigares de son père et crée COZE 02. Trois ans plus tard cette note, qui n’avait pas la prétention d’être un parfum mais une odeur, passe sous le nez d’une blogueuse d’un gros forum américain, Basenotes. Elle en parle élogieusement. Cet article est alors lu par le critique parfum du New York Times, Chandler Burr. Ce dernier contacte le jeune Clermontois et l’interviewe via Skype pendant 4 heures. Pierre Guillaume raconte la suite : “Quelques mois plus tard, ma mère a débarqué chez moi avec un pli DHL que l’on avait déposé à l’accueil. Dedans il y avait un exemplaire de GQ américain, qui était le plus gros tirage presse masculine au monde, et le journaliste avait fait une demi-page sur moi en titrant “Comment un jeune chimiste hardcore a concocté la plus cool des nouvelles fragrances européennes”. Dans la semaine qui a suivi, j’ai été contacté par un distributeur en Russie, par une boutique à Los Angeles , et c’est parti comme ça”. La carrière internationale de Pierre Guillaume est alors lancée. Ses créations sont ensuite distribuées chez des revendeurs. On en compte pas moins de 250 aujourd’hui.
Attaché à Clermont-Ferrand
Le parfumeur a ouvert sa première boutique à Clermont-Ferrand en 2011. Il aime revendiquer ses attaches auvergnates : “Je suis d’ici, j’y suis né, j’y travaille, et je me rends compte que ça ne pose pas vraiment de problème que l’on soit ici ou ailleurs. Les parfums Chanel sont produits dans l’Oise. Il faut toujours un backstage. C’était important d’ouvrir une boutique à Paris pour le côté international. Nos unités de production sont à Clermont-Ferrand et à côté de la ville. Cela ne m’empêche pas de beaucoup voyager pour mon travail”. Pierre Guillaume fait partie de ceux qui pensent que le parfum peut constituer une véritable oeuvre d’art. Il peut mettre une heure comme deux ans pour obtenir la fragrance recherchée. Il explique : “Tout peut être inspirant. Ce week-end je me suis baladé près de chez moi, j’habite au bord d’un lac et j’ai senti un bourgeon sur un arbre. Cette simple odeur peut être inspirante, tout comme une photographie. Le parfum c’est synesthésique. Un film, quand il raconte une histoire, peut m’inspirer”. Le parfumeur travaille déjà sur les collections qui seront proposées à la clientèle en 2020. Il va étendre sa gamme à des produits dérivés et réfléchit à l’opportunité d’ouvrir des boutiques en propre. Il conclut en souriant : “Les clients sont des ogres, ils ne sont jamais rassasiés!”.
Boutique Pierre Guillaume, 17 rue Saint Genès à Clermont.
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