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Jean-Pierre Garrigues à Alès.
Chroniques

Mort de Jean-Pierre Garrigues: les anti-corrida en deuil

On le savait souffrant… Jean-Pierre Garrigues, président du CRAC Europe, s’est éteint récemment, victime d’une saloperie de tumeur au cerveau qui a eu raison de sa vie mais pas de son courage ni de sa détermination.

Que l’on me pardonne cette petite digression personnelle : au début des années 2000, alors que je cherchais désespérément à joindre des militants anti-corrida pour leur exposer une situation jugée par moi intolérable, et rencontrée dans le cadre de mon travail, j’ai fini par débusquer le numéro de téléphone de Jean-Pierre Garrigues. Il a répondu à mes sollicitations avec beaucoup de gentillesse et de disponibilité. Bien des années plus tard, nous nous sommes rencontrés à Nîmes, à l’occasion d’une manifestation anti-corrida, et puis croisés quelquefois, mais dès que la nécessité s’en faisait sentir, je le contactais, et chaque fois c’était le même accueil…

Rodilhan 2011

Jean-Pierre était un homme doux, mais d’une pugnacité rare lorsqu’il s’agissait de défendre les droits des animaux et plus particulièrement de porter le fer dans le flanc d’une pratique ignoble, dont l’existence en France, incompréhensible aujourd’hui, est une insulte au plus larvaire des concepts de civilisation. Je parle bien sûr de la corrida. Jean-Pierre Garrigues habitait depuis son enfance dans le Gard, à Alès. Autant dire sur une terre de tauromachie. Cela, il ne le tolérait pas. Il a mené des combats qui ont marqué à jamais la lutte anti-corrida. On est bien sûr forcé d’évoquer la manifestation organisée par le CRAC à Rodilhan, en 2011, une commune proche d’Alès. Les militants s’étaient enchaînés au milieu de l’arène. Ils n’ont pas tardé à être victimes des coups portés par les aficionados furieux. Cet épisode a donné le départ d’un combat sans merci.

Les larmes des taureaux

Jean-Pierre manquera à ses proches, à ses amis, et aussi à cette cause qu’il a su si bien défendre. Il avait repris les rênes du CRAC en 2002 (l’association avait été au préalable fondée en 1991), avec Thierry Hély, qui est aujourd’hui président de la FLAC (Fédération des luttes pour l’abolition de la corrida). Il avait su, en dépit de quelques difficultés, faire du CRAC une association qui désormais fait autorité, étant devenue l’autre bête noire des aficionados. Il faudra que la prochaine équipe sache se passer de sa longue silhouette déliée, de son verbe clair, de ses appels vigoureux à la lutte.
Oui, il y a quelques semaines, Jean-Pierre avait rendue publique l’annonce de sa maladie, un glioblastome, une tumeur maligne qu’il savait impitoyable. Il devait être conscient, alors, que ses jours étaient comptés. Il est parti debout, mais il n’était pas seul au milieu de cette ultime arène : les ombres d’une multitude de taureaux sacrifiés l’accompagnaient. Aujourd’hui les taureaux pleurent…
Jean-Pierre Garrigues n’avait que 53 ans..

À propos de l'auteur

Josée Barnérias

A toujours été au plus près de la cause animale. En septembre 2010, a fondé La Griffe, association d'information et d'intervention pour les animaux. Aujourd'hui encore, elle en est la présidente. A travaillé pendant trente années dans la Presse quotidienne régionale. Elle vit à Clermont-Ferrand.

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