Oui l’année 2018 commence bien. Au cinéma, au moins, puisqu’elle débute avec « Three Billboards » de Martin Mac Donagh qui nous offre un régal de cinéma coënissime où l’ange du bizarre peut se marier avec le polar déjanté. De quoi s’agit-il ? Une femme jouée par Frances Mac Dormand décide de louer trois panneaux pour y crier son désir de vengeance. Sa fille, en effet, a été violée et assassinée et la police semble paralysée. Cet affichage va déchaîner les passions et la violence dans un bled peuplé de rednecks, plus ou moins dérangés du cerveau. Il y a là un flic cancéreux, un autre raciste et alcoolique et nombre de personnages tragi-comiques dont nul ne peut prévoir l’avenir. Frances Mac Dormand , qui avoue s’être inspirée du jeu de John Wayne va y mener une danse infernale qui laissera pantois plus d’un spectateur. Le réalisateur se plait à nous donner le tournis et à montrer son art de surfer sur son scénario avec un brio et un plaisir communicatif.
Le grand retour du cinéma Français
Avec « La douleur », inspiré de deux textes de Marguerite Duras, Emmanuel Finkiel nous offre un vrai chef-d’œuvre de sensibilité et de réflexion. Le film se déroule à la fin de la guerre, dans les années 1944/45 , et nous montre une Marguerite Duras, remarquablement incarnée par Mélanie Thierry, qui recherche son mari Robert Antelme, dont elle est sans nouvelles. Elle sera attirée par un « collaborateur » qui lui promet sans cesse son aide. Puis nous la voyons impliquée dans un réseau de résistance dont le chef est incarné par Benjamin Biolay, impeccable.
A oublier aussitôt
Le talent du réalisateur est évident dès le début du film où les gros plans révèlent les visages des protagonistes, filmés avec une longue focale L’utilisation des flous est elle aussi étonnante puisqu’elle permet au spectateur de sentir les horreurs de cette période sans avoir recours à des trucages grossiers. Finkiel donne aussi plus de place à l’arrivée des déportés dans une France qui préfère ne pas les voir. On pense évidemment à Resnais qui aurait changé de registre pour mieux toucher le public contemporain. Citons, pour les oublier aussitôt, les « biopics » révérencieux et ternes qui ont les faveurs d’une certaine critique, soit « Les heures sombres », « Le grand jeu » et « L’échange des princesses » dont les costumes sentent la naphtaline. A la prochaine avec Spielberg et Woody Allen. Et bonnes toiles…
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