A défaut de fleuve, la métropole clermontoise a la chance d’être traversée par plusieurs rivières. Toutes prennent leur source dans la chaîne des puys. Longtemps, ces petits cours d’eau ont souffert de l’urbanisation. “L’Homme a massacré et eutrophisé volontairement les rivières pour n’en faire que des exutoires d’eau pluviale plus ou moins de qualité” déplore Didier Laville, vice président de la métropole en charge du cycle de l’eau et de la gestion des milieux aquatiques. A ces agressions s’ajoutent celles des décharges et rejets sauvages ; mais également cette propension à enfouir ces repères de biodiversité pour faciliter la (re)construction de la ville… Résultat ? Des rivières invisibles, parfois sales et souvent oubliées de tous. Y compris de la faune sensée y vivre. Autre conséquence de ces négligences : elles accroissent le risque d’inondations.
La Tiretaine découverte
Clermont Auvergne Métropole a décidé de se jeter à l’eau pour corriger tous ces problèmes. Certes, cela prendra du temps. Mais des actions concrètes et visibles ont bel et bien été engagées. “Les élus ont complètement évolué dans leur rapport à l’eau, avec une approche qui consiste à « renaturer », à redonner vie et à élargir les lits des rivières pour qu’elles retrouvent une sinuosité et faire revenir la biodiversité” se félicite Didier Laville, très impliqué sur ces questions.
Un exemple : d’ici 2022, une redécouverte de la Tiretaine est prévue dans le parc de Beaulieu à Chamalières. A l’horizon 2026, elle devrait également revoir la lumière du jour sur une longueur de 700 mètres dans le quartier Galaxie-Trudaine, puis vers Cataroux-Les Pistes, un secteur stratégique actuellement repensé par l’architecte et urbaniste Nicolas Michelin.
Ces aménagements permettront d’anticiper les crues décennales, de lutter contre les îlots de chaleur, de ramener la nature en ville et d’offrir des espaces de promenade aux riverains. Certes, il faudra encore patienter quelques années pour se balader au bord de l’eau. Mais petit à petit, un autre visage de la métropole se dessine. Concernant le Bédat, sa renaturation est envisagée dans le parc de la Prades à Cébazat. Des boisements de berges sont également programmés en tête de bassin versant.
L’Artière « renaturée »
Après des années d’abandon, la collectivité a aussi décidé de s’occuper de l’Artière. En 2000, elle a été restaurée lors de l’aménagement de la ZAC des Sauzes, en limite de Clermont-Ferrand et d’Aubière. Depuis, d’autres tronçons ont été requalifiés, notamment à Crouël, Beaumont et Aulnat. Dernièrement, 200 mètres de nouveaux linéaires ont été traités entre l’Allée Evariste-Galois et le boulevard Ernest-Cristal à La Pardieu, afin de prévenir d’importantes érosions de berges. Même s’il n’est pas très long, ce petit parcours constitue un lieu de respiration agréable dans ce secteur de bureaux très routier. Il sera bientôt équipé de panneaux d’information. “L’enjeu était aussi celui de la réappropriation sociale” précise Stéphane Maneval, technicien de rivières de la métropole. Cette reconquête de l’Artière va se poursuivre du côté de la promenade Amédée-Cotte à Aubière, mais également dans la plaine de Limagne sur 12 km. Enfin, des actions de préservation des rares zones humides du territoire sont envisagées.
En quête d’un “bon état écologique”
Pour bichonner ses cours d’eau, Clermont Auvergne Métropole a signé en 2019 un contrat de trois ans (et 2 millions d’euros) avec l’Agence de l’Eau Loire Bretagne. Ce dispositif complète un schéma directeur d’assainissement de plus de 100 millions d’euros (!) s’étalant entre 2015 et 2021. Objectif : atteindre un “bon état écologique” des rivières “au plus tard” en 2027. Dans ce contexte, un bassin de gestion des eaux pluviales et d’écrêtement des crues décennales sur l’Auzon sera inauguré le 11 février à au Cendre à proximité du complexe sportif Jean-Jaurès.
“A ceux qui disent qu’il n’y a que du béton, qu’il n’y a jamais rien eu, je demande un peu de nuance, et qu’on accepte de reconnaître que c’est le temps long de la politique. Nous ne sommes peut-être pas allés assez loin à leur goût, mais il s’est passé des choses” rappelle, un pied dans la campagne, le maire Olivier Bianchi. “Ça suffit de faire croire que rien n’a été fait.”
Se rapprocher de l’Allier
En ce qui concerne l’Allier, le premier enjeu sera de veiller à la qualité des rejets d’eau pluviale pour en préserver la biodiversité. Rappelons qu’elle est l’une des dernières rivières sauvages de France. Comme beaucoup d’élus, Didier Laville pense que la métropole (exception faite de Cournon d’Auvergne et de Pont-du-Château) ne vit “pas assez” avec cette colonne vertébrale naturelle. D’ailleurs, sa “reconnexion” à la ville-centre reste une priorité pour les pouvoirs publics. Jean-Pierre Brenas, le candidat de la droite et du centre aux élections municipales, milite pour la création d’une piste cyclable “sécurisée et familiale” qui relierait en une demi-heure la place de Jaude et les plages de l’Allier. L’actuelle ligne C, qui passera en site propre d’ici 2026, facilitera aussi ce rapprochement.
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