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Edwin Crossley-Mercer / Photo Delphine Barreyre-Metzger
Photo Delphine Barreyre-Metzger
Entretiens

Edwin Crossley-Mercer : un vie consacrée au lied et à l’opéra

Edwin Crossley-Mercer était récemment de passage à Clermont où il a gracieusement donné un récital Schubert, organisé par le Rotary et la Ville de Clermont au profit de l’association "Graines d’artistes". A cette occasion nous avons pu nous entretenir avec lui.

Le chanteur baryton Edwin Crossley-Mercer est né à Clermont en 1982. Il a baigné très jeune dans la musique avec un père irlandais qui chantait les airs traditionnels de son pays et une mère artiste peintre, d’origine alsacienne, qui lui faisait écouter de la musique classique, de l’opéra et du Lied allemand. Dans sa chambre d’ado, quand d’autres s’éclataient avec U2 et R.E.M, il écoutait des vinyles d’opéra, en préambule à une carrière d’artiste lyrique qui allait le conduire sur les scènes du monde entier, pour y chanter des Lieder et les plus grands airs d’opéra, ses deux spécialités, auréolé d’un premier prix du concours de chant Nadia et Lili Boulanger.

O.P : Comment avez vous été amené à chanter à Clermont au profit de Graines d’artistes ? 
E.C.M : C’était une idée du Rotary. J’ai accepté car j’aime bien revenir chanter à Clermont et puis le travail de l’association avec les jeunes des quartiers prioritaire est très intéressant. Ils ont assisté aux répétitions,  j’ai échangé avec eux sur mon métier de chanteur, ma vie d’artiste, nous avons parlé musiques indienne, arabe… ils n’ont pas encore une grande culture mais j’ai trouvé cela touchant et merveilleux. L’association leur apprend également le respect de l’instrument et l’importance du jeu collectif… une très belle rencontre.

O.P : Parlez-nous de votre jeunesse clermontoise
E.C.M : En fait, comme beaucoup de Clermontois de ma génération, je nuis né à Beaumont, à la Clinique de la Chataigneraie. J’ai vécu à Clermont une bonne partie de ma jeunesse, j’étais élève au Lycée Jeanne d’Arc. J’ai commencé la musique avec le piano et le chant à la chorale municipale à Royat puis je suis rentré au Conservatoire Emmanuel Chabrier en classe de clarinette et de chant.

O.P : C’est durant les années Conservatoire que avez-vous décidé de devenir chanteur professionnel ?
E.C.M : Je l’ai décidé à 18 ans quand j’ai pris conscience que j’aimais vraiment le chant. Un stage d’été, organisé par le mari de la cheffe de cœur Marie-Claude Chevalier, a révélé mes capacités vocales. On m’a conseillé de passer une audition pour intégrer le chœur de jeunes chanteurs à Versailles. J’ai été admis et après mon BAC, j’y suis parti trois années pour me former à la musique baroque.

O.P : De Versailles vous êtes ensuite parti pour Berlin.
E.C.M : Oui. A vingt ans j’ai intégré le Conservatoire Supérieur et c’est à Berlin qu’à débuté ma carrière sur scène en 2006 dans Don Giovanni, j’avais 24 ans. J’ai finalement vécu en Allemagne jusqu’en 2016 avant de revenir m’installer au calme en Auvergne près de Sauxillanges. J’ai aussi un logement à Mirepoix en Ariège où j’organise un festival.

7JàC : Vous vous déplacez sans arrêt… avez-vous  le temps de vous « poser » chez vous ?
E.C.M : Non pas vraiment, je n’étais pas revenu en Auvergne depuis la fin du mois d’août… parce que je me suis produit entre autres, à Zurich et à Vienne. Cela dit je reste maître de mon planning. J’ai bien un agent qui gère mes prestations mais je choisi moi même mon emploi du temps et je gère ma vie comme je l’entends. Les artistes lyriques ont plus d’indépendance que ceux qui sont contraints par des tournées comme c’est le cas dans le rock par exemple.

O.P : Il vous arrive d’avoir des engagements sur une longue durée ?
E.C. M : Oui, cela a été le cas en Belgique où je suis resté plusieurs semaines. Dans ce cas, je loue un logement sur place pour échapper à la vie d’hôtel.

O.P : Vous  considérez-vous comme un acteur ou comme un chanteur ?
E.C.M : En fait j’ai deux métiers. Je suis chanteur lyrique mais lorsque je suis sur scène pour un rôle dans un opéra, je deviens acteur, un acteur particulier car l’exercice impose de surjouer en essayant de garder un peu de réalisme. Avec l’âge, on arrive à se concentrer un peu plus et je serais ravis aujourd’hui de jouer dans des films ou au théâtre. Mais au théâtre, on aime pas le « surjoué » et il faut apprendre à communiquer avec la salle.

O.P : Malgré le récent disque Voyage d’hiver de Schubert avec le pianiste Yoann Hereau, votre discographie n’est finalement pas très fournie au regard de votre carrière sur scène, pourquoi ?
E.C.M : Le marché du disque est du passé… il faudrait que les disques circulent davantage mais ce n’est plus le cas. Alors on gagne de la notoriété en se concentrant sur les passages radio et TV et on monte sur scène. Voyage d’hiver est édité par Mirare le label familial de René Martin et son fils François-René, des passionnés de musique.  C’est vraiment bien qu’ils aient pu le produire.

O.P : Parlez-nous de votre festival à Mirepoix
E.C.M : Il se nomme Castel Artes car il se déroule dans l’enceinte d’un château que notre association à acheté et restaure. C’est un festival transdisciplinaire qui se déroule sur une semaine avec des expositions photo et peinture, des concerts, de l’opéra, des spectacles de danse et des master class avec des musiciens renommés. Actuellement, nous préparons la programmation de la seconde édition qui se déroulera du 11 au 18 aout 2022.

O.P : Et pour vous même, quels sont les prochains rendez-vous ?
E.C.M : Il y en a plusieurs mais je peux citer le Festival d’Aix en Provence au début de l’été et aussi un engagement sur un voyage de deux semaines à bord d’un bateau allemand de croisière de 400 places. Je vais y chanter mais ce sera un peu comme des vacances.

À propos de l'auteur

Olivier Perrot

Pionnier de la Radio Libre en 1981, Olivier Perrot a été animateur et journaliste notamment sur le réseau Europe 2 avant de devenir responsable communication et événements à la Fnac. Président de Kanti sas, spécialisée dans la communication culturelle, il a décidé de se réinvestir dans l'univers des médias en participant à la création de 7jours à Clermont.

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