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Ispahan. Mosquée Lotfollah. Photo E Gauthey
Chroniques

Du pays des roses et du safran

Annoncer à son entourage un prochain départ pour l’Iran provoque bien des réactions, qui n’ont en commun que leur immédiateté.

Dans la plupart des cas, la pression de l’actualité et de son expression médiatique, comme des clichés, voire des peurs, l’emporte. Et tout y passe : de l’insupportable oppression des femmes au risque d’emprisonnement (au mieux) ou de se prendre un missile sur la tête (israélien ou américain) en passant par l’incurie (supposée) du système de santé ou la rusticité (non moins supposée) des infrastructures …Nous sommes donc fous !

Les accros du voyage balancent eux entre deux sentiments. Pour ceux qui y sont déjà allés, c’est alors une immense nostalgie qui s’exprime, celle de l’un de leurs plus beaux souvenirs pérégrins. Pour les autres, une pointe d’envie non dissimulée.

L’Iran, une destination choc

Parce qu’elle cristallise les clichés, les peurs et les opinions, parce qu’elle renvoie aux mythes et à l’Histoire, parce que, même sur un court séjour, l’irruption brutale dans cet ailleurs fantasmé s’impose, l’Iran est une destination choc ; même en ayant planifié son périple. 

Il s’est agi en l’occurrence d’un circuit que l’on peut décrire comme classique, sur les hauts plateaux arides de ce pays grand comme trois fois la France et ses hauts lieux : Chiraz que l’on dit rebelle, Yazd la ville des zoroastriens, Mesr le hameau planté au milieu de l’un des deux grands déserts du pays, Ispahan la magnifique, Kashan et ses roses, Téhéran, enfin, mais pour seulement repartir.

Comme cette vieille Europe, l’Iran, à la croisée du proche orient et de l’Asie centrale, est aussi une vieille et singulière civilisation qui se vit tout autant par sa richesse patrimoniale, que dans le cadre sublime de ses paysages ou dans le raffinement de sa culture et des contacts avec ses habitants.

L’Iran, une destination piège 

Tomber sous le charme de l’ancienne Perse est imparable. Mais il est si fort que l’on peut ainsi subir son tropisme et en oublier, voyageur éphémère, d’autres réalités du pays, celles de son régime et de la vie réelle, au quotidien, de ses habitants. Elles en sont l’autre facette. Elles peuvent se percevoir et se vivre si on y prête attention, pour ne pas les oublier, pour ne pas se méprendre.

Exercice délicat pour à la fois succomber et rester lucide ; jusqu’à se laisser envahir par une irrésistible envie de revenir.

Arriver de nuit à Chiraz, après un transfert à Istanbul, c’est se fondre dans une nuit doucereuse et, en cette heure tardive, dans le silence de la petite aérogare emplie des seules lueurs blafardes des néons, sous le regard perçant et grand format des guides suprêmes, Rouhollah Khomeini et Ali Khamenei, pour tout accueil.

Le lent cheminement d’obtention des visas, après avoir préalablement et depuis la France obtenu une autorisation de le demander à l’arrivée, s’effectue, comme pour le préposé, avec fatigue.

Quelques minutes avant l’atterrissage, les iraniennes – et toutes les femmes à bord – avaient recouvert leur tête d’un foulard dans de plus ou moins subtiles variations pour (se) jouer de la règle. Les écrits sur l’Iran rapportent souvent ce qui s’y dit, effectivement, à chaque rencontre et d’une manière ou d’une autre : « ici, tout est interdit mais tout est possible ».

Comme partout aujourd’hui, le premier geste est d’allumer son téléphone portable …

 

Suite à la prochaine chronique…

À propos de l'auteur

Eric Gauthey

Né avec la crise des missiles de Cuba, son enfance, ses études et ses premières années de la vie d’adulte furent nomades.
Au début des années 90, il émigre à Clermont-Ferrand pour se sédentariser. Son métier, non moins sédentaire, l’engage dans le service au public (transports publics de l’agglomération clermontoise).
Le voyage reste sa passion, pour ses vacances mais pas seulement. Cofondateur d’Il Faut Aller Voir et du RV du Carnet de Voyage, il pousse jusqu’à publier deux ouvrages : « Cher Bouthan » – 2011 et « Buna Tatu » - 2017 (sur l’Ethiopie).

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