Le mois de Juin 2021 s’est avéré comme celui de la reprise dans nos salles sombres avec quelques films notables mais un public plutôt clairsemé qui a peut-être pris l’habitude des écrans domestiques, nos compagnons de confinement. On espère qu’ils seront vite délaissés pour ces temples du cinéma qui sont les espaces où une œuvre cinématographique doit être vue en priorité…
Nomadland de Chloé Zhao est un grand film qui narre la saga des pauvres gens obligés de se déplacer sans cesse dans une Amérique en proie au chômage et aux petits boulots mal rémunérés…Le personnage principal, incarné merveilleusement par Frances Mac Dormand, est d’une humanité déchirante, qui accepte son sort avec cette douceur terrible qu’elle traduit par son regard, à la fois désabusé et toujours bienveillant… Bien sûr, on pense au chef-d’œuvre de John Ford, Les raisins de la colère, pour le thème général mais ici, Chloé Zhao nous propose son regard zen qui nous émeut d’autant plus qu’elle ne propose pas de message, sinon une intense compassion pour ces sortes d’itinérants qui, jadis, étaient incarnés dans certains westerns.
Une indigeste resucée
A propos de ce genre qui est le cinéma américain par excellence, dixit André Bazin, nous avons voulu voir L’un des nôtres ( Let him go) où Kevin Costner et Diane Lane incarnent un couple vieillissant dans un Ouest années 50, où ils cherchent à récupérer leur petit-fils, maltraité par une famille de vilains aux sales gueules…Las, on a d’abord droit pendant plus d’une heure aux mamours humides des deux ancêtres, dont on peut vraiment se passer, pour plonger ensuite dans une sorte de resucée à la Peckinpah, sans le talent du maitre. Il faut dire que Thomas Bezucha, le réalisateur, montre son manque de talent à chaque plan. Au fait, il avait commis avant, le navet miteux qui se nommait Bienvenue à Monte Carlo. Sans commentaires.
80 minutes qui valent le coup
Enfin, un vrai grand film qui nous a totalement séduit, avec un Vincent Macaigne prodigieux dans Médecin de nuit, à la fois document réaliste sur ces soignants toujours au service des plus démunis, dans un Paris nocturne, où règne la drogue et les trafics en tous genres, et polar où ce toubib fait des fausses ordonnances de Subutex pour aider son cousin endetté et très bien incarné par Pio Marmaï…Elie Wajeman suit de près ce médecin ambigu, qui nous touche au plus profond de nous- même et qui n’hésite pas à donner du poing et parfois du revolver….Cerise sur le gâteau, le film dure à peu près 80 minutes. Wajeman nous avait déjà surpris avec Alya, où un truand essayait d’aller trouver un abri en Israël ..Pio Marmaï en était déjà le triste héros.
Il me reste à vous souhaiter de bonnes vacances avec beaucoup de bonnes toiles.
D’accord cher Roger…
Pas vu (donc pas pris…) « L’un des nôtres ».
Nomadland : je partage ton analyse complètement. Mais Fargo… qui a révélé Frances Mc Dormand, encore inégalé
Et Médecin de nuit : remarquable film (français, de surcroit !)
Malheureusement, risque de ne pas rester longtemps sur les écrans.
Une vingtaine de films vus depuis la reprise. Et un peu de monde à chaque fois.
Alors, pas Médecin « En » nuit (ennui ???) mais bien Médecin DE nuit…