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Photo Jean-Louis Fernandez.
Culture Mardi

De la comédie « moderne » à la tragédie antique

En 1882, Henrik Ibsen écrivait « Un ennemi du peuple ». Jean-François Sivadier met aujourd’hui en scène la pièce en cinq actes de l’auteur norvégien.

Le texte a quelque chose de profondément visionnaire. Et sa modernité peut déconcerter lorsqu’on sait qu’Henrik Ibsen publia Un ennemi du peuple en 1882. Ce brûlot écologiste d’un autre siècle rappelle inévitablement les questionnements de notre époque. Et c’est vraisemblablement la raison pour laquelle Jean-François Sivadier s’est emparé de ce pamphlet à la fois cruel et savoureux.

Les frères ennemis

A la fin du XIXe siècle dans une petite ville norvégienne : deux frères, Tomas et Peter Stockmann, un préfet et un médecin, ont réalisé un complexe thermal qui doit assurer le bien-être et la fortune de la population locale. Jusque-là, tout semble aller pour le mieux dans un monde aimable. Jusqu’au moment où le médecin découvre qu’une bactérie empoisonne les eaux et menace lourdement la santé des ­curistes. Il veut en informer aussitôt la population par voie de presse, et fermer les bains le temps d’y reconstruire le système hydraulique. Mais le haut fonctionnaire est d’un tout autre avis : pour lui, il n’est pas question de toucher aux bains thermaux qui font la renommée de la cité. D’autant que les travaux risqueraient de ruiner les contribuables. Peu à peu, la presse va céder aux arguments du préfet et les soutiens du médecin vont bientôt lui tourner le dos.

Photo Jean-Louis Fernandez.

Un théâtre ludique et partageur

A travers un duel fratricide, Henrik Ibsen se livre à une critique radicale d’une démocratie gangrenée par les intérêts individuels, posant clairement les contradictions de ceux qui dirigent et de ceux qui subissent le système .Le combat entre raison, utopie et fanatisme révèle les personnalités, fait exploser les non-dits, les arrière-pensées et basculer la comédie bourgeoise vers la tragédie antique. Un exercice dans lequel le metteur en scène Jean-François Sivadier se révèle particulièrement à l’aise, proposant un spectacle partageur, ludique, populaire et plein de sens. Sa théâtralité ludique interroge la démocratie, tout en soulignant l’ambiguïté humaine.

Mardi 26, mercredi 27 et jeudi 28 novembre à 20h à la Maison de la Culture (salle Jean-Cocteau). « Bord de plateau », mercredi 27 à l’issue de la représentation. Spectacle proposé par la Comédie de Clermont.  

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