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Anthony Hopkins et Olivia Colman dans "The Father".
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D' »Adieu les cons » à « The Father » : un retour au cinéma en demi-teinte

Les salles obscures ont enfin retrouvé le public, même s'il ne se bouscule pas au portillon. A l'affiche, il y a du bon et du moins bon...

Enfin, le grand jour est arrivé et nos chères salles obscures nous ont tendu les bras de leurs fauteuils afin que nous puissions déguster les films dans leur véritable espace et leur grand écran qui bat à plate couture tous les succédanés que la technologie a inventés pour nous rendre les films en version minuscule…Quelqu’un a-t-il visionné Lawrence d’Arabie sur son mobile, en v.o., avec des sous titres, de préférence ?

A éviter

Virginie Efira et Albert Dupontel dans « Adieu lescons ».

Bon, parlons donc cinéma puisque c’est la raison d’être de cette rubrique…Premier film visionné : Adieu les cons de l’ineffable Albert Dupontel qui se veut l’anarchiste en chef du cinéma français, mariant un humour potache, assez primaire, avec une poésie de bazar …De quoi s’agit-il ? Une femme qui découvre qu’elle est malade, va rechercher son fils qu’elle croyait perdu après l’avoir abandonné à l’âge de 15ans. Lors de sa quête, elle va croiser JB, homme en plein burn-out ainsi qu’un archiviste aveugle. Celui-ci va faire l’objet de gags poussifs de la part de Dupontel qui nous inflige une mise en scène pleine de tics et de tocs. Une ou deux scènes peuvent être sauvées grâce à la présence et au talent de Virginie Efira mais c’est bien tout….Et cette « chose » de faire un malheur aux Césars qui nous avaient déjà offerts le lamentable strip-tease de Corinne Masiero.

Couronné aux Oscars et il le mérite…

Les Oscars ont été plus heureux en honorant The Father, le premier film de Florian Zeller, écrivain, dramaturge qui pour sa première mise en scène décroche nos applaudissements, en adaptant sa propre pièce au cinéma… Utilisant une technique visuelle qui nous fait pénétrer dans le cerveau d’un vieil homme victime de la maladie d’Alzheimer, Zeller parvient à nous émouvoir et nous interroger sur la fin de vie, trop souvent marquée par ces pertes de mémoire qui font que l’on perd la tête, ainsi qu’une partie de sa dignité. Grâce à l’interprétation magistrale d’Anthony Hopkins et d’Olivia Colman, on reste accroché à cette œuvre qui marque la vraie rentrée cinématographique de cette année 2021 .

« Hospitalité » de Koji Fukada.

Réussite japonaise

Il est aussi important de découvrir, grâce aux salles Art et Essai de notre ville, une œuvre de jeunesse de Koji Fukada, Hospitalité, réalisée en 2010 et qui nous parait aujourd’hui d’une actualité brûlante. Au Japon, comme un peu partout, l’étranger est vu comme une menace pour les habitants qui se constituent en comités de surveillance pour débusquer ceux qui lui paraissent susceptibles de commettre tous les méfaits. La famille Kobayashi est exemplaire et unie jusqu’au jour où un certain Hanataro, inconnu au bataillon, vient s’immiscer dans leur intimité et leur boutique de reprographie avec celle qu’il présente comme son épouse…La suite vaut son pesant de yens. Je défie, en effet, quiconque de prévoir ce que cet intrus va commettre comme péripéties au sein des Kobayashi….Mélange de tous les genres, avec en prime, la comédie, ce film a l’avantage de nous scotcher à notre siège pendant les 1h36 de sa projection. Fukada avait déjà surpris avec  L’infirmière et Harmonium car il fait passer l’ange du bizarre au cœur de ses œuvres.

Il nous parait essentiel de vous inviter à reprendre le chemin des salles sombres. A ma grande surprise, elles ne sont pas débordées par la foule…Bon ciné à tous.

 

À propos de l'auteur

Roger Herzhaft

Né à Strasbourg, il a exercé la profession d'opticien, passionné depuis toujours par le 7ème Art. Arrivé à Clermont-Ferrand en 1992, il fonde alors le "Cercle des Amis du cinéma" qu'il dirigera jusqu'en 2016,en tant que président. A animé ‌des émissions de télé et radio sur Clermont-Première, Radio Nostalgie et Radio France Bleu Pays d'Auvergne. Il aime en particulier le Western, Hitchcock, Truffaut, Steven Spielberg.

2 Commentaires

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  • « A voir et revoir
    Bon, parlons donc cinéma puisque c’est la raison d’être de cette rubrique… Premier film visionné : « Adieu les cons » du formidable Albert Dupontel que la critique désigne comme « anarchiste du cinéma français », qui en a bien besoin au demeurant. Il a dit et redit sur les plateaux télé (la 5 en particulier) qu’il ne votait pas depuis que son père lui avait parlé de la guerre d’Algérie… Dans ce film, il marie avec beaucoup d’humour et de poésie un sujet difficile : d’où vient-on et pourquoi ? Sujet qu’il avait abordé avec succès, délicatesse et poésie dans « 9 mois ferme », (2013) avec Sandrine Kiberlain. De quoi s’agit-il cette fois ? Une femme découvre qu’elle est malade et va rechercher son fils qu’elle croyait perdu après l’avoir abandonné à l’âge de 15 ans. Lors de sa quête, elle va croiser JB, homme en plein burn-out, ainsi qu’un archiviste aveugle et déjanté (formidable Nicolas Marié). De gags plus jouissifs les uns que les autres le film grandit et nous grandit, grâce à une mise en scène pleine de rebondissements. Plusieurs scènes sont particulièrement réussies, ce qui est dû à la présence et au talent de Virginie Efira… Ce film a bénéficié de 7 Césars (1), en l’absence de Dupontel : pour lui, tout film mérite d’être vu, il prétend (toujours sur la 5) qu’il ne comprend pas pourquoi le sien serait plus remarqué qu’un autre… On regrettera quand même qu’Efira n’en ait pas reçu ! »

    (1) Meilleur film et Meilleure réalisation pour Albert Dupontel ; Meilleur acteur dans un second rôle pour Nicolas Marié ; Meilleur scénario original pour Albert Dupontel ; Meilleure photographie pour Alexis Kavyrchine ; Meilleurs décors pour Carlos Conti ; César des Lycéens

    • Bonsoir Maurice,
      j’adore Albert Dupontel, j’ai suivi sa carrière humoristique et ses films, sans accrocher pleinement sur tous. Je trouve que les deux derniers sont de réelles réussites. Adieu les cons est très abouti, mélangeant le drame, l’humour, l’humanisme et… la connerie et la condescendance des gens. Je trouve aussi qu’il maîtrise ses plans de mieux en mieux, avec beaucoup de recherches et de simplicité.
      J’espère que son prochain projet sera de la même veine.

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