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Mank- photo: Gisele Schmidt/NETFLIX.
Chroniques

Cinéma : en attendant les jours meilleurs

La patience a évidemment ses limites et rien ne remplacera jamais les salles de cinéma. Mais puisqu'elles demeurent fermées, évoquons un film remarquable, vu sur Netflix.
Citizen Kane d’Orson Welles.

Mank est une petite révolution dans l’histoire du cinéma contemporain, non seulement parce que c’est un film qui parle de l’histoire du 7ème art, vue par un réalisateur doué mais aussi parce que ce film est diablement bien fait, en un noir et blanc assombri pour imiter l’argentique et avec un son mono extrêmement bien rendu pour évoquer la  période à laquelle se déroule l’action. Aussi parce que c’est Netflix qui le diffuse en ayant sorti largement son portefeuille, ce que les majors n’ont pas osé faire devant le budget astronomique du film. Le script évoque la vie de Herman Mankiewicz, immense scénariste et frère de Joseph, l’un de mes réalisateurs préférés. Herman est alcoolique, cynique, souvent drôle et c’est lui qui écrira le scénario de Citizen Kane, le fameux film d’Orson Welles. Il ne s’agit pas ici de raconter l’œuvre, évoquant les grands et petits moments de la geste hollywoodienne, avec un brio digne du grand Orson mais de  souligner la nécessité pour tous les cinéphiles de voir cette œuvre, parfois un peu froide mais donnant des informations importantes sur l’époque, à l’aide de flash backs quasiment wellesiens. Certes, on pourra discuter de la position de Fincher, glorifiant le scénariste plutôt que le génial réalisateur qu’était notre Orson mais, en cette période de restriction visuelle, il me parait évident que la vision de Mank comblera nos manques. Et un grand bravo à Gary Oldman, proprement génial. Occasion aussi de déplorer la frilosité des producteurs US qui, apparemment, ont décidé que le cinéma en salles était déjà mort.

Ne pas se résoudre à la catastrophe

Il est vrai que la fermeture prolongée des salles nuit gravement à ce qui relève du spectacle et de la convivialité mais circonstances exceptionnelles obligent, il nous faut patienter devant nos écrans de télévision, de tablettes ou même de portables où, un jour viendra, il faudra visionner les quatre heures de Lawrence d’Arabie sur un écran millimétrique… Et pourtant, le vieux cinéphile que je suis, qui accumule les souvenirs de projections dans des temples de l’image comme le Gaumont Palace, le grand Rex à Paris et le Capitole à Clermont à sa grande époque, ne peut se résoudre à cette catastrophe, si le spectacle cinématographique, créé chez nous par les frères Lumière, devenait un banal objet de consommation. Qui verrait la différence entre un clip, une vidéo tremblotante prise par un quidam et un chef-d’œuvre de Jean Renoir ?

Comme le disait Godard , « Le cinéma c’est de la mémoire, la télé c’est de l’oubli ». Et il est vrai que la salle de cinéma a été une sortie familiale où l’on se rendait en habits du dimanche dans un temps pas si éloigné.. Ensuite on parlait longuement du film, vécu comme un évènement. Certes les salles ont évolué et ont lutté contre l’emprise du « Prêt à digérer » qu’était déjà le petit écran, mais elles sont toujours  des lieux de communion où l’on se tait et où l’on partage l’émotion avec d’autres spectateurs. Et les commentaires émis dès la fin du spectacle ne sont pas pour rien dans le succès ou l’échec d’un film.

Bientôt le lever de rideau ? – photo D.R.

Un peu d’espoir

Néanmoins, l’espoir existe, en ce début de l’année 2021 que je vous souhaite belle et pleine de renouveau, de la fin de l’épidémie qui a terrassé notre monde devenu fragile. Les salles vont rouvrir bientôt, et je fais le pari qu’elles retrouveront vite leur public. De nombreux exploitants sont décidés à lutter pour cette renaissance et les cinéphiles aussi, lassés de l’enfermement, qui reprendront avec joie le chemin de ces temples où le 7ème Art resplendira de mille feux. Rendez-vous donc bientôt dans nos cinoches avec l’espoir que ce satané virus disparaisse comme il est venu

 

 

À propos de l'auteur

Roger Herzhaft

Né à Strasbourg, il a exercé la profession d'opticien, passionné depuis toujours par le 7ème Art. Arrivé à Clermont-Ferrand en 1992, il fonde alors le "Cercle des Amis du cinéma" qu'il dirigera jusqu'en 2016,en tant que président. A animé ‌des émissions de télé et radio sur Clermont-Première, Radio Nostalgie et Radio France Bleu Pays d'Auvergne. Il aime en particulier le Western, Hitchcock, Truffaut, Steven Spielberg.

1 Commentaire

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  • Oui oui le cinema me manque énormement ! heureusement il y a la tele mais je n’ai jamais le même plaisir (même avec un film que j’ai aimé au cinema )
    vivement la ré ouverture ;Charlotte

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