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Animaux sauvages captifs : attendre et voir avant d’applaudir…

Chez les animalistes, on n’en finit pas de se réjouir des récentes annonces de la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, au sujet des animaux sauvages captifs. Faut-il pour autant considérer ces nouvelles mesures comme « historiques » ? L’avenir le dira…

Les cirques itinérants, désormais, devront – progressivement, s’entend – apprendre à se passer des animaux issus d’espèces sauvages qui bien souvent étaient le « clou » de leurs spectacles. Adieu tigres, lions et autres éléphants qui n’apparaîtront plus sur la piste étoilée, adieu montreurs d’ours et dresseurs de loups. Les delphinariums français verront leur effectif de mammifères marins (quatre orques et dix-sept dauphins en France métropolitaine) décroître inexorablement : la reproduction de ces animaux sera désormais interdite, ainsi que leur acquisition. Pour ces deux mesures, aucun calendrier n’a été fixé, la ministre souhaitant que tout cela intervienne de manière « progressive ».

En revanche, d’ici cinq ans, les quatre élevages de visons d’Amérique restant sur le sol français devraient avoir disparu. D’après l’association One Voice, en quatre ans, sept établissements semblables avaient mis la clé sous la porte, on peut donc en déduire que l’affaire est de moins en moins rentable (la fourrure n’a plus très bonne presse).

Des mesures « floues »…

On peut se féliciter de ces avancées pour « le bien-être de la faune sauvage captive ». Cependant, quelques questions doivent être posées, car plusieurs associations, introduisant un bémol, ont mis le doigt sur le caractère plutôt flou de ces mesures. Où, quand, comment ? Où les animaux qui quitteront les cirques échoueront-ils ? L’association Robin des Bois craint des trafics, des ventes illégales à des pays chez qui la législation en la matière est plutôt fluide, pour ne pas dire inexistante. L’absence de fichier, en France, répertoriant les animaux présents dans les cirques itinérants fait craindre en effet le pire. On parle de sanctuaires… Soit, mais lesquels ? Où sont-ils ? Et qui va financer le transfert des animaux vers de tels lieux ? Et quand ? Combien d’années – sachant que nul calendrier n’a été prévu – faudra-t-il pour mener à bien ces missions ? En ce qui concerne les delphinariums, les mêmes questions apparaissent…

Une grosse esbrouffe ?

Une enveloppe de 8 millions d’euros est prévue par le gouvernement pour aider à la transition des cirques vers le « sans animaux sauvages » et au reclassement des personnels des delphinariums, mais rien apparemment pour le placement des animaux dans des structures fiables, où ils pourront tranquillement terminer leur parcours.

Serais-je une adepte du verre à moitié vide ? Pas nécessairement. Mais les mesures ci-dessus exposées me font tout de même un peu l’effet d’une grosse esbroufe. Les cirques sans animaux sauvages (pour ma part je préfère la locution « issus d’espèces sauvages ») sont plébiscités par de plus en plus de municipalités. C’est une façon commode pour les maires de se faire passer pour des parangons de la cause animale, et cela ne mange pas de pain. A interdire de telles structures sur leur commune, ils n’ont rien à perdre et pas mal à gagner : cela ne leur coûte pas un euro, ils présentent l’image d’une gestion « vertueuse » et du même coup ils claquent le beignet des associations animalistes qui ne manquent pas de se présenter à l’orée des chapiteaux avec force slogans et banderoles, ce qui fait désordre.

Merci qui ?

Tilikum : l’histoire de l’orque a inspiré le documentaire « Blackfish »- photo Shannon Cremeans.

Quant aux delphinariums, depuis le poignant et terrible long métrage documentaire Blackfish (titre français : L’orque tueuse), on sait que les mammifères marins y souffrent bien au-delà de ce qui est imaginable. Pour des raisons évidentes, les gestionnaires de ces structures prétendent le contraire, même si nous sommes de moins en moins nombreux à les croire.

Quant aux élevages de visons d’Amérique, nous avons exposé plus haut pourquoi ce ne n’est guère une activité d’avenir, et c’est tant mieux. Peut-être les tortionnaires de ces pauvres bêtes profiteront-ils de l’aubaine pour mettre la main sur les subsides que leur versera l’Etat…

Et puis il y a l’interdiction de la chasse à la glu, qui ne fait pas partie de ce train de mesures, mais qui avait été annoncée il y a quelques semaines. Dommage qu’il ne s’agisse que d’un moratoire d’un an… D’ici là, on verra si les pots de colle reviendront…

Alors merci qui ? Pour l’instant merci personne, car la situation est tout de même très loin de présenter des garanties quant à ce que Barbara Pompili appelle le « bien-être des animaux sauvages captifs ». Ces annonces seront-elles suivies d’effet, ou demeureront-elles au stade de simple effet d’annonce ? Attendons un peu avant d’applaudir.

À propos de l'auteur

Josée Barnérias

A toujours été au plus près de la cause animale. En septembre 2010, a fondé La Griffe, association d'information et d'intervention pour les animaux. Aujourd'hui encore, elle en est la présidente. A travaillé pendant trente années dans la Presse quotidienne régionale. Elle vit à Clermont-Ferrand.

1 Commentaire

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  • quand la loi permettra à ces pauvres victimes, de sortir de leur cages et de vivre sans les souffrances endurées jusque là, il faudra des parcs, des lieux de vie, il faudra les nourrir les soigner, les loger et cela demandera beaucoup, beaucoup d’argent et qui aura envie de s’occuper de tous ces animaux et surtout de pouvoir!
    seront intéressés, (peut-être) les,anciens « propriétaires » qui se sont fait beaucoup, beaucoup d’argent d’argent sur le dos de ces malheureuses créatures il y aura aussi, et cela commence et (heureusement) des amoureux des bêtes, fortunés qui se consacreront à sauver ceux qui restent à sauver.C’est un peu la même chose pour les autres animaux sauvages où « de compagnie » chiens chats, oiseaux, nac etc.. des associations de protection des animaux aux particuliers qui veulent « sauver » un chat un chien et qui leur font subir les pires souffrances, ou en font des bébés humains, des objets de décors…. personne n’est obligée de prendre un animal ni d’avoir des enfants, alors respectez-le ou mieux aimez-les et protégez-les

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