Afin de bien cerner la psychologie adolescente, il est bon de partir d’un postulat bien connu : acheter c’est choisir, et choisir c’est renoncer. Renoncer à quoi ? A tout le reste de la boutique, pardi !…
Chaussure à son pied
Votre périple commence par la recherche effrénée d’une paire de sandales pour l’été. A la quatrième boutique, vous vous affalez sur un bord d’étagère, les pieds en compote, au bord de la crise de nerfs. Talons ou pas, noires, blanches ou roses, habillées ou sportswear, votre Clara n’en a aucune idée. Vous tentez quelques conseils, passez en revue sa garde-robe en vue d’assortiment, donnez même parfois votre avis – que l’on vous demande par pure forme – mais rien n’y fait. Après quatre tours de ville et sept magasins de chaussures, vous en êtes à vous demander si vous n’auriez pas mieux fait de lui laisser la carte bleue. Non, c’est une blague ! Et si parfois votre Cendrillon sait déjà ce qu’elle veut, soyez sûre qu’il n’y aura plus SA couleur dans SA pointure, et qu’après quelques coups de fil dans les autres boutiques de la marque, vous serez à coup sûr une mère indigne qui refuse un aller-retour à Lyon pour acquérir enfin les précieux nu-pieds…
Qui trop essaye, mal achète
Deuxième mission, si vous l’acceptez, dénicher LE jean du printemps. Plus facile croyez-vous ? Pas sûr. Pour toucher le cœur de votre modeuse, il doit répondre à un cahier des charges des plus drastiques. Couleur, hauteur de la ceinture, largeur du bas, forme des poches, taille des boutons, chaque détail est primordial… et les modèles innombrables ! Au douziéme essayage, la vendeuse affiche un sourire crispé à la limite du rictus mauvais, et vous ravalez votre honte sous ses regards accusateurs. Voilà trois bons quarts d’heure que votre progéniture bloque entre deux jeans – que vous trouvez pour votre part strictement identiques et excessivement chers – avec un air de martyre qui ne trompe pas. Non, vous ne prendrez pas les deux, malgré ses œillades assassines. D’ailleurs, puisqu’elle n’arrive pas à choisir, vous n’en prendrez aucun !!! Bilan de ce désastreux shopping : deux semaines de mutisme absolu et encore une boutique dont vous n’oserez plus jamais pousser la porte…
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