Gilles Persilier et Richard Tournayre, sécateurs à la main, taillent la vigne, avec des gestes précis. Ce sont les chevilles ouvrières du conservatoire des vieux cépages d’Auvergne. Ils bichonnent le Noir Fleurien, la Petite Syrah, le Saint Pierre Doré, la Mondeuse, l’Inconnu des Roussilles, le Limberger noir… Ensemble, ils protègent, de la disparition, 22 cépages et 170 variétés.
1300 plants ont été replantés sur les coteaux des Vaugondières, à Cournon-d’Auvergne, pour constituer un conservatoire des cépages d’Auvergne, avec l’aide de la Sicarex Beaujolais.
Le conservatoire des cépages d’Auvergne est en fait l’héritier d’un premier conservatoire né à Authezat, en 1997. Un millier de plants de 15 cépages avaient alors été plantés sur une parcelle qui ne présentait pas les meilleures caractéristiques. Ce premier travail de recensement était le fruit de vignerons passionnés associés à la Chambre d’agriculture. Des cépages autochtones obtenus par sélection massale. (Les vignerons choisissent leurs greffons en coupant un sarment de leurs plus beaux pieds de vigne) ont pu être alors sauvés.
Sauvegarder les cépages
La Fédération viticole souhaitait relancer le conservatoire mais il fallait trouver de nouvelles parcelles. « Le maire de Cournon souhaitait relancer la vigne sur sa commune. Il y avait 980 hectares de vigne à Cournon, avant la crise du phylloxera » explique Benoit Montel, président de la Fédération viticole du Puy-de-Dôme et vigneron à Riom. La commune de Cournon a mis à la disposition de la Fédération une parcelle de 8 800 m2 et a investi 5 000 euros pour les travaux préalables aux plantations.
Afin de renouer avec son passé viticole, la commune a souhaité réimplanté des pieds de vigne, pour produire du vin. Richard Tournayre, vigneron, exploite ces parcelles. Dans 4 ans, elles devraient donner leur première cuvée.
« Sauvegarder les cépages présents dans le vignoble auvergnat tout en conservant leur diversité génétique est une des raisons d’être de ce conservatoire qui est intégralement conduit en agriculture biologique» souligne Gilles Persilier qui a la charge de son entretien. Dans un deuxième temps, le conservatoire pourra fournir des greffons aux vignerons afin de relancer des cépages anciens.
Ce patrimoine pourrait devenir utile pour affronter les défis climatiques. Les vignerons auvergnats notent déjà de profonds changements dans leurs vignes : vendanges plus précoces, maturation accélérée. Alors peut-être que des cépages autochtones anciens assureront l’avenir de la vigne en Auvergne ?
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