Culture

La Galerie Bertrand Trocmez, chantre de l’abstraction lyrique

La galerie a changé d’adresse… mais pas de trottoir. Juste quelques pas, en fait. Un transfert qui correspond surtout à un agrandissement de surface comme l’indique Bertrand Trocmez, le maître des lieux. « Ce mini-déménagement était nécessaire. Je faisais face à un gros problème de stockage des tableaux du à l’exiguïté du lieu précédent. Ici, j’ai de quoi faire et je dispose de tout sur place.  La nouvelle galerie est aussi parfaitement adaptée à l’organisation des expositions. »

Exister en province

La galerie Bertrand Trocmez est une exception. Ultra-spécialisée dans l’art des années 50, et plus particulièrement dans le mouvement de l’abstraction lyrique, elle défie les lois du marché de l’art. « En fait, je suis quasiment le seul provincial à défendre  l’abstraction lyrique. Le reste se passe à Paris» explique-t-il. Une singularité qui n’effraie pas particulièrement le galeriste dont la clientèle est davantage nationale et internationale qu’auvergnate. « Internet permet d’exister, de vendre. Lorsqu’on est spécialisé, on est vite repéré, reconnu, cela ouvre des perspectives. J’envoie ainsi des tableaux aux Etats-Unis, en Angleterre, en Allemagne et partout en France. »

Première étape à Issoire

Éclosion géométrique- Arthur Dorval.

Bertrand Trocmez a effectué ses premiers pas de galeriste à Issoire, en 1983, dans le cadre du musée (sur l’histoire d’Issoire) que son père avait créé. « J’ai organisé mes premières expositions dans une salle, à l’étage » se souvient-il. A l’époque, il défend des artistes figuratifs, comme Jean Aujame ou Henri Jannot. Dix ans plus tard, il prend la direction de la capitale auvergnate et installe sa galerie dans la rue Philippe-Marcombes, face à la mairie. Ses goûts artistiques ont alors évolué et le pousse irrésistiblement vers l’abstraction lyrique, que l’on oppose volontiers à l’abstraction géométrique. « C’est un grand mouvement, particulièrement sensible dans l’après-guerre. J’ai par exemple des œuvres de Hans Artum et Gérard Schneider qui sont des pionniers, avant même Soulages. Aujourd’hui, l’abstraction lyrique redevient très en vogue, les ventes se tournent volontiers vers les années 50 » souligne le galeriste.

Un réseau « familial »

Bertrand Trocmez n’est pas un acharné des salles des ventes. Pour se procurer des œuvres, il privilégie son réseau « familial » et entretient son relationnel. « Mes contacts sont avant tout des ayant-droits, assez souvent des veuves. C’est un aspect particulièrement passionnant du métier : arriver dans un atelier et choisir un tableau demeure un moment privilégié » assure-t-il. S’il n’est pas nécessairement prophète en son pays, les Clermontois passionnés par l’abstrait sont en effet rares, le galeriste tient à son ancrage local. Et il organise, au rythme d’une à deux fois par an, des expositions dans ses locaux de la rue Philippe-Marcombes.

Arthur Dorval.

Arthur Dorval, un pari

C’est le cas actuellement avec les œuvres d’Arthur Dorval, un peintre français de 35 ans, artiste un peu singulier dans l’univers de Bertrand Trocmez. « Cela représente une forme de pari puisque je n’avais pas de peintre de la géométrie. J’apprécie son travail, méthodique, réalisé au pinceau et non à la bombe. Alors qu’aujourd’hui, on ne montre guère que du street art, souvent très mauvais, Arthur Dorval prouve qu’il existe encore de véritables peintres ». Les œuvres exposées témoignent d’une vision conceptuelle et d’une rigueur mathématique. Dans ses toiles, Arthur Dorval décline des polygones ; carrés, rectangles, triangles, losanges….  Les figures s’entremêlent ou se juxtaposent, elles se chevauchent ou s’affrontent dans un étrange ballet, enrichi par les couleurs ou souligné par le noir. Un univers géométrique à la fois inventif et subtil, élégant et sculptural…

Exposition Arthur Dorval, jusqu’au 15 juin à la galerie Bertrand-Trocmez, 9 rue Philippe-Marcombes à Clermont, tél : 04-73-90-97-97, www.galerie-trocmez.fr

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

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