Edito

Les femmes sans visages

Les femmes désormais interdites de parler entre elles Afghanistan, ce pays où elles n’ont déjà plus de visages, emprisonnées dans des tchadris, où elles sont bannies de l’enseignement secondaire et supérieur. Où elles n’ont pas le droit de regarder les hommes sauf liens de sang ou de mariage. Où la lapidation est courante pour celles qui se détournent du chemin. La charia portée à son paroxysme mortifère. Jusqu’à ce qui constitue un véritable apartheid subi par 14 millions de femmes et de filles. Et face à cette indignité humaine, le grand silence international. Très peu de réactions ou de réprobations officielles. On regarde ailleurs, on élude, on évite, on s’indiffère comme s’il s’agissait d’un autre monde, d’un autre temps ou peut-être d’une autres espèce humaine.

Désespérément seules

Aux Etats-Unis, il est vrai, on peut ressentir une certaine gêne devant ce drame. Initiée par Barack Obama et mis en pratique par Joe Biden en 2021, le retrait brutal et total des forces américaines a consisté à donner un blanc-seing aux talibans libres, désormais, de soumettre la population à la terreur. Quant à une grande partie des organisations féministes, on ne s’étonne plus vraiment de leur « discrétion » sur un sujet qui les embarrassent, obnubilées qu’elles sont à poursuivre d’autres combats sur d’autres  terrains évidemment beaucoup plus confortables et, évidemment, moins essentiels et urgents.

Courage extrême

Dans le même temps, à 2000 kilomètres environ de Kaboul, une étudiante iranienne- à qui la police des mœurs reproche de mal porter le voile islamique-  se dévêtit. Avec un courage inouï, elle s’oppose à la tyrannie en se promenant en sous-vêtements devant un groupe d’individus qui préfère l’ignorer. Par peur, probablement. La jeune femme s’appelle Ahou Daryaei et son acte de révolte constitue un suicide en direct. Elle est rapidement et brutalement arrêtée, conduite- dit-on- vers un hôpital psychiatrique. On ne sait si elle réapparaîtra jamais. Rappelons-nous du sort de Mahsa Amini il y a deux ans et de la répression qui a suivi. Ahou Daryaei deviendra sans doute une martyre de la cause féminine. Elle est déjà aujourd’hui une héroïne.

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

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