L’exposition temporaire du Musée de Gergovie est consacrée à un épisode historique, méconnu, celui des « Gergoviotes », premier foyer de résistance étudiante en Auvergne. Avec cette exposition, le musée souhaitait s’inscrire dans le programme des commémorations du 80e anniversaire de la rafle de l’Université de Clermont.
Une exposition d’histoire contemporaine
1939 : L’Allemagne vient de mettre la main sur l’Alsace. Professeurs et étudiants de l’Université de Strasbourg refusant de passer sous la bannière nazie, trouvent refuge à Clermont ou l’Université installée dans les récents bâtiments de l’avenue Carnot, a accepté le transfert de son homologue strasbourgeoise. Un an plus tard, deux enseignants, Gaston Zeller et Jean Lassus, montent une équipe de fouilles archéologiques sur le plateau de Gergovie et sont épaulés par le général de Lattre qui implique ses militaires dans la construction de la maison des « Gergoviotes ». Le lieux va devenir le foyer de résistants atypiques dont l’histoire est retracée par cette exposition qui tranche avec ce que le Musée présente habituellement. « C’est une exposition d’histoire contemporaine, en lien avec le site de Gergovie bien sur, mais qui renvoie vers un épisode sombre de l’histoire du plateau » explique Arnaud Pocris, directeur culturel du musée archéologique de la bataille de Gergovie, l’un des deux commissaires de l’exposition. « Elle met en avant une expérience totalement originale, la création d’une communauté d’étudiants, garçons et filles de l’Université de Strasbourg repliée à Clermont qui, en construisant cette maison, vont reconstituer un foyer, alors qu’eux-mêmes sont exilés, réfugiés, coupés de toute communication avec leurs familles. De ce foyer familial vont émerger un certain nombre de destins de résistants. »
Les Gergoviotes étaient pratiquement en auto-gestion
« Il n’y avait pas de section archéologie à Strasbourg, ni à Clermont à cette époque, même si il y avait des étudiants en histoire. L’originalité de l’initiative, c’était finalement de créer un chantier archéologique estival pour retenir les étudiants quel que soit leur cursus et éviter qu’ils ne repartent en Alsace après l’armistice de juin 1940. C’est le noyau de départ » explique Arnaud Pocris. « Gaston Zeller et Jean Lassus ont eu l’idée de ce chantier sur le site de Gergovie qui avait une certaine notoriété. Ils ont recruté des étudiants volontaires ce qui fait que finalement il y a eu tout type de cursus, en histoire, lettres, philo, chimie, pharmacie, médecine… tous ont construit cette sorte de communauté, un peu exceptionnelle, puisque mixte, réunissant des personnes de toutes convictions politiques, de toutes confessions, catholiques, protestants, juifs. Une unité s’est créée dans une communauté qui était pratiquement en auto-gestion, une communauté qui n’avait pas de chef. Deux personnes étaient les âmes de ce groupe, les sœurs Kuder, Stéphanie et Marie-France qui étaient considérées comme des sous-chefs. Comme elles ne voulaient pas l’être, elles se faisaient appeler Chou et Sef… De ce lieu vont émerger des sentiments de résistance. On peut imaginer que ces étudiants étaient très remontés contre le régime pétainiste qui avait totalement abandonné l’Alsace. C’est ce qui va faire naître très rapidement en eux, les premières manifestations de désobéissances et de résistance. »
Du chahut étudiant aux actes plus musclés
Si le groupe des Gergoviotes n’a pas constitué un mouvement de résistance à part entière, certains des membres qui le composaient ont créé le noyau de la résistance estudiantine en Auvergne. Après quelques actions qualifiées de « chahut d’étudiants » certains se sont d’avantage engagés au sein de groupes structurés avec à la clé quelques actions plus musclées que le simple décrochage de portraits de Pétain. En 1943, lorsque la Gestapo a lancé ses opérations anti-résistance, dont les deux rafles de l’Université, des Gergoviotes ont été arrêtés et certains déportés.
Les Gergoviotes, des étudiants en résistance 1940-1951 exposition temporaire du Musée Archéologique du musée de Gergovie jusqu’au 15 septembre 2024, conçue en partenariat avec la Maison des Sciences de l’Homme de Clermont (UCA-CNRS). Commissaires d’exposition : Arnaud Pocris, Musée de Gergovie et Marion Dacko, MSH.
Préparer la visite en cliquant ICI.
Commenter