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Patrimoine

2CV : l’immortelle

Icone du monde de l’automobile, la Citroën 2CV a fêté ses 75 ans, le 7 octobre dernier. Histoire d'une belle aventure industrielle et mécanique...

Quand on a un certain âge, la 2CV est omniprésente dans les souvenirs. En remontant au plus loin dans ma mémoire, je retrouve l’image de la Deuche du fils de ma maîtresse de maternelle. C’était un modèle des années 60 avec les portières avant qui s’ouvraient « dans le mauvais sens ». À l’époque, le garçon qui me paraissait bien vieux, était un vrai baroudeur qui n’hésitait pas à faire des milliers de kilomètres au volant de cette voiture pour découvrir des contrées éloignées. Chaque fois qu’il rentrait de voyage, il prenait un pinceau et de la peinture blanche pour écrire, sur la carrosserie, le nom des principales villes traversées durant son expédition. Sa voiture ressemblait à une carte de géographie, on y découvrait une bonne partie de l’Europe et même un peu plus. Autre souvenir : la « Deux pattes » de la mère d’un copain qui roulait avec le tout premier modèle, celle avec le couvercle de malle en toile. En montant dedans la première fois, j’avais été frappé par le tableau de bord ou plutôt l’absence de tableau de bord. Le compteur rond, accroché au coin gauche du pare-brise, était gros comme celui d’un vélo. Par la suite, j’ai souvent été passager d’une copine émancipée à qui le père avait acheté le modèle entrée de gamme, un Spéciale jaune canari, avec petit compteur derrière le volant et de la tôle à la place de la troisième vitre latérale. Bas de gamme ou pas, elle nous trimbalait partout, en toute circonstance. Je terminerai avec la 2CV d’un copain de copain qui circulait avec un modèle début 70, beige avec custodes vitrées. Le capot avait une grosse pliure en son milieu, trace d’une mésaventure qui aurait pu tourner au drame. Mal verrouillé, le capot s’était ouvert en roulant, la pression de l’air venant le plaquer, puis le plier contre, le pare brise. Coup de frein, coup de poing pour remettre tout cela en place… et la voiture était reparti comme au premier jour.

Une histoire auvergnate

Même s’il y en a eu de nombreuses, j’ai en tête deux 2CV célèbres à Clermont. Celle de François Michelin qui contribua fortement à l’image du patron et celle du pharmacien de la Place Renoux, un monsieur au look style Rabbi Jacob mais en beaucoup plus gros. Lorsqu’il montait à bord, non sans difficultés, la voiture penchait instantanément du côté gauche malgré les efforts d’un fidèle épagneul breton qui pesait de tout son poids, mais en vain, sur le siège passager.
À propos de Michelin, c’est par son intermédiaire que la 2CV est arrivée sur le marché.  Au milieu des années 30 et malgré la commercialisation de la géniale Traction, Citroën est en mauvaise posture financière. La Manufacture souhaite diversifier son activité et rachète la société du Quai de Javel. Pierre-Jules  Boulanger, collaborateur de longue date et alors co-gérant chez Bib en prend la direction. Ce dernier réside à Lempdes, commune qui lui rend hommage avec une Deudeuche posée sur son piédestal, au bord de l’autoroute et une salle de spectacle du même nom. Boulanger met en place une politique d’austérité qui permet à Citroën de se redresser. Il fait, entre autre, annuler la sortie officielle de la Traction 22, fabuleuse berline à moteur V8, dont il ne sera construit que 20 exemplaires, puis lance le programme  TPV Très Petite Voiture, les Français ayant besoin de se déplacer à moindre coût au sortir de la guerre. Ironie du sort, Pierre-Jules Boulanger se tue en 1950 au volant d’une Traction, sur la RN9 dans l’Allier alors qu’il rentre passer le week-end en Auvergne.

2CV = 4 roues sous 1 parapluie

J’aime bien le slogan publicitaire des années 60 « 4 roues sous 1 parapluie » qui aurait presque pu servir de cahier des charges à la voiture mais, en réalité et heureusement, il était un peu plus complexe. Pierre-Jules Boulanger avait définit très précisément les éléments clé la TPV  : 4 places, un coffre pour 50 kg de bagages, un moteur de 2cv fiscaux, 3 vitesses, une vitesse de pointe de 60 km/h, 3 litres au 100 km. On ne sait pas en revanche s’il avait réellement demandé qu’elle offre la possibilité de traverser un champ labouré en transportant  un panier d’œufs sans en casser un seul. Légende ou pas la suspension reste un modèle de souplesse et d’angoisse si on a le mal de mer.
La suite de l’histoire, nous la connaissons  tous : une bouille sympa, un moteur qui fait le même bruit qu’une vieille moto allemande, un entretien ultra simple et économique à la porté de (presque) tous et plus de 5 millions d’exemplaires construits en 42 ans. Voiture quasi universelle, à l’aise partout et dans tous les milieux, elle garde presque 35 ans après l’arrêt de la production officielle un capital sympathie extraordinaire. Véritable morceau du patrimoine français on peut acheter de beaux modèles de collection mais les tarifs ne sont désormais plus vraiment… populaires.

Pour tout savoir de la 2cv et ses dérivés, il faut se rendre au Musée de la 2CV à Grandfontaine dans le département du Bas-Rhin, mais la Deuche est naturellement présente à l’Aventure Michelin.

À propos de l'auteur

Olivier Perrot

Pionnier de la Radio Libre en 1981, Olivier Perrot a été animateur et journaliste notamment sur le réseau Europe 2 avant de devenir responsable communication et événements à la Fnac. Président de Kanti sas, spécialisée dans la communication culturelle, il a décidé de se réinvestir dans l'univers des médias en participant à la création de 7jours à Clermont.

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